T est aujourd’hui en première année de Lettres Modernes. Mais avant ça, T a décroché. Intellectuellement, émotionnellement, presque physiquement puisqu’il errait, lors de sa deuxième 3ème, tel un zombie, dans les locaux de son bahut.
L’école pour lui, depuis tout jeune, un supplice. Les maths et matières scientifiques ? De quoi lui provoquer plusieurs infarctus par jour. La pression des professeurs, aux attentes multiples, une pandémie pire que le Covid19. Le regard des autres, adolescents entre autres, le déclencheur de plusieurs nuits d’insomnies. Prendre la parole en public, un calvaire sans fin. Etre fier de lui, une ineptie qui provoque un rictus, le fameux rictus qui dit qu’il aimerait pouvoir l’envisager mais que cela lui paraît impossible. Avoir confiance en lui, une chimère. Pourquoi aurait-il confiance quand il a passé sa vie à être un “souci” pour ses parents, à ne pas satisfaire les attentes de ses professeurs, à ne pas parvenir à “s’intégrer” avec les jeunes de son âge etc. ?
Le refuge de T c’est la littérature. Et le ciné. Mais surtout lire. Lire et s’évader. Lire et s’imaginer libre. Lire et ne pas se soucier du monde extérieur et de toutes les contraintes qui s’accumulent.
T est à l’opposé du cancre-cliché que tu pourrais imaginer qu’est un décrocheur. Quand on l’a rencontré et que l’on a finalisé son inscription, sa maman nous a demandé s’il on avait idée de ce dans quoi l’on s’engageait. Aussi bien elle, que T, que son papa avaient une peur bleue d’un nouvel échec, d’une nouvelle déception, d’un nouvel abandon d’une équipe pédagogique trop enthousiaste. De quoi passer les quelques mois d’été, surpris par des sueurs froides à se demander, effectivement, dans quoi l’on s’était embarqués.
Et là, une métamorphose aux dires des uns, une évidence latente selon les autres : T arrive, sac plein de nouveaux cahiers, nouveau stylo plume (un Lamy, tient on a déjà un point commun lui et moi !) et surtout de nouveaux espoirs et envies.
Et là, un adolescent remarquable, impliqué dans ses apprentissages, laborieux certes, hésitants, balbutiants. Je te rappelle que l’école a, pour lui, toujours été synonyme de douleurs, de ratés, de marginalisation alors se lancer corps et âme lui est effrayant. Et personne ne peut le blâmer. Mais il se lance, il essaie.
Sa première prise de parole se fait littéralement dos à l’ensemble de l’assemblée (6 personnes au total), les mots machonnés dans les trois poils de sa barbe. Et c’est une première victoire pour lui : “j’ai fait un exposé. Tu te rends compte j’ai parlé devant des gens !” Et là de tous se regarder pour convenir silencieusement que personne ne soulèvera que c’est fondamentalement plus son dos qui nous a parlé tant nous avons eu du mal à comprendre ses propos et n’avons pas vu son côté face de toute la prise de parole. Mais peu importe, l’aigreur est laissée aux flippés de l’excellence. C’est une victoire : il est fier de lui.
Et cette fierté c’est celle qui a permis de mettre en marche les premières montées d’un cercle vertueux : celui de l’envie, de la motivation à se projeter pour la suite, à accepter ses frayeurs, en dépasser certaines, se laisser envahir par d’autres et accepter le lâcher prise.
Aujourd’hui, indépendamment de son brillant parcours, T est heureux. Il a des amis, a renoué des relations apaisées et enthousiasmantes avec sa famille qui n’a eu de cesse de croire en lui mais qu’il avait si peur de décevoir et dont il se coupait volontairement, comme pour les protéger en les mettant à distance.
Alors voilà, une autre histoire, bien différente des suivantes qui arrivent et des précédentes que tu as pu lire. Une autre facette d’un concept déshumanisé. Un autre visage d’ados en quête de qui ils sont dans le tourbillon de leur vie.
Une de plus ? Aller. Une de plus !
Bonjour,
Un besoin de vous féliciter et peut-être de rentrer en contact avec vous.
Je suis Entrepreneure et mes cycles bénéficiaires sont les jeunes décrocheurs.
N’hésitez pas à me revenir
Visiter notre site.
Bien à vous !
Bonjour, oui avec plaisir ! Je vous laisse me contacter par mail pour que l’on échange à ce sujet : audrey@leterraintremplin.com ! Excellente journée, Audrey
[…] d’autres histoires de rebond, c’est par ici […]